mardi 11 décembre 2007



(Extraits de la communication faite à la Société de géographie de Rochefort le 25 juin 1960 par M. André Baudrit d’après les documents des Archives nationales)

D.III-43. Ch.Inf. Pièces 68à124.

RÉVOLUTION FRANCAISE

HISTOIRE DE BRUNEAU

A St. Georges, fin 1793, début 1794. C'est le temps de la Terreur Rouge. Oleron s'appelle l'île de la Liberté. La commune s’appelle “L’Unité”. Déchristianisation ...(10 Novembre 1793, fête de la Raison et de la Liberté à N.D. de Paris).
Les prêtres doivent prêter serment à la Constitution.

ARCHIVES NATIONALES :

20 novembre 1793 - Le Curé Gaboriaud se démet de ses fonctions ecclésiastiques et accepte de se joindre aux deux officiers municipaux chargés de ramasser tout ce qui existe dans l’église de St. Georges et dans les chapelles qui en
dépendent.

La Cité de l’Unité élit Joseph Moquay et Jean-Baptiste Bruneau pour assurer cette corvée.

21 Novembre- On vide les chapelles de Sauzelle, de La Brée, Notre-Dame-en-L’île et Chéray.

22 Novembre- On dépouille l’église de St. Georges. Tout a été transporté à la maison commune : Trop de choses pour en faire l’inventaire. Tout sera vendu aux enchères publiques.

“Deux calices et leurs patènes, un ciboire, une custode, une grande croix en cuivre soufflé et en argent, quatre troncs contenant 64 livres cinq sols. Du linge en énorme quantité, dix nappes, quatorze aubes, quarante quatre surplis, etc”...

En 15 jours on classe et on étiquette le tout.

Vente les 8 et 9 décembre 1793. Jean-Baptiste Bruneau étant chargé la vente.
Il soustrait à la vente quatre surplis et une aube qu’il livre à la femme Massé, née Marie Aussant, 23 ans et aux filles Moquay (Jeannne 25 ans et Marie, 23 ans).

Jean Vigé s’en aperçoit. Les femmes rendent le linge. Il est vendu le 10 décembre 1793.
*
Jean Vigé, le dénonciateur, était le débiteur des Moquay pour des sommes considérables, Ce qui explique bien des choses ...

- L’une des filles Moquay : “ Les surplis avaient été payés la veille du jour où je les emportais.”

-La femme Massé aurait conseillé : “ Tu devrais bien garder quelques surplis pour en faire des cravates... Ces hommes ne pensent à rien !”

Dans le groupe dit des “Patriotes”: Joseph Moquay est l’oncle des deux jeunes prévenues. La femme du Maire est compromise.

J. B. Bruneau cherche à se “justifier”.

-”On nous qualifie d’aristocrates alors que nous avons été les premiers dans le département à faire tomber les têtes des chefs brigands de la Vendée.”

-”Dans les moments difficiles nous avons unanimement été maintenus dans nos fonctions.”

Incarcération le 26 Novembre 1793 à la prison de Marennes.

Jugement Le 6 février 1794
Bruneau Jean-Baptiste, 12 ans de fers.
Femme Massé, et filles Moquay, 4 ans de réclusion.

Les Sociétés Populaires de Marennes et de Rochefort adressent une supplique au Comité de gestion de la Convention Nationale le 23 avril 1794.
“ Tous les Patriotes, tous les Républicains ont vu avec sensibilité le sort de ces infortunés, tous ont murmuré d’un jugement dont la sévérité leur paraît extrême, tous reconnaissent dans les Citoyens et Citoyennes Bruneau, Massé et Moquay le patriotisme le plus pur. Tous ont vu dans
leurs dénonciateurs des fanatiques,des aristocrates que
la haine envers les patriotes a seule dirigés.”

Société de Rochefort : “ nous espérons que vous casserez ce jugement atroce et que vous rendrez à la liberté, à leurs familles, à leurs concitoyens des Patriotes dont l’une disait à ses amis éplorés, après avoir été exposée au public “L’échafaud ne fait pas le crime.”

11 Messidore an II : Annulation du jugement du tribunal de Marennes. Déferrement devant le Tribunal Correctionnel.
26 Messidore an II : Condamnation des prévenus à la peine qu’ils ont déjà subie.

Lettre de Bruneau, le 14 Messidore ( 3 juillet 1794) adressée aux Citoyens composant le Comité de Législation.

“ CITOYENS,
“Plongé dans le gouffre du crime et de l’ignominie par l’aristocratie et l’imbecillité, le Patriotisme se souleva et le cri de son indignation parvenu jusqu’à vous, vous voulûtes bien, malgré vos nombreux travaux, vous occuper de ma monstrueuse affaire. Un de vos honorables membres, après s’être fatigué dans le dégoûtant travail, a représenté à la Convention, à l’Europe tout entière, qu’il y avait un innocent d’opprimé. La Convention a frémi et secondé vos voeux sages et Patriotiques. Elle a ordonné ma liberté.
“ Ce serait vous manquer, Citoyens, que de vous en témoigner ma reconnaissance. Le seul témoignage non équivoque, le seul digne de vous que je puisse vous présenter, c’est mon désir ardent de servir la République, ma haine pour les Tyrans, mon zèle infatigable à surveiller les malveillants et la plus scrupuleuse exactitude à remplir tous mes devoirs de Citoyen.
“ Certes, si, un moment, la République compta en moi un malheureux de plus, elle comptera toute ma vie son plus sincère ami et son plus zélé défenseur.”

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